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LE BOISÉ DES DEUX-RUISSEAUX

tu m’as offert des bottes en caoutchouc
– c’est ton premier cadeau –
pour que je puisse marcher dans le bois
quelques sentiers n’existent
que par le tracé des quatre-roues
mais voilà : leur profondeur retient l’eau
ce matin, tu mesures les ruisseaux
calcules les dimensions
pour fabriquer un pont de fortune –
les autres aussi ne se tremperont pas
je me demande : d’où te vient
que tu as si bien appris à aimer ?
même les fougères se déploient
en retenant leurs prières
des murs immenses de framboisiers
ont pris des gardes de trèfles rouges
une dépression dans les pierres
creuse le chemin à l’ouest
à la manière d’un piège bien indiqué
plus on avance, plus le soleil pointe
à travers l’arche du champ
sur notre chien qui court en joie:
n’y vois-tu pas un dernier recours ?
tu dis : le boisé ne saurait porter
l’abandon renouvelé des saisons
seuls les gens qui se sont égarés

Le show des Grandes-Fourches Cabaret littéraire hommage à Sherbrooke

car les fougères s’éveillent
elles s’ouvrent, larges de leur patience
leurs feuilles forment un tremplin
pour les prières qui retombent, exaucées
les plantes cohabitent, comme nous :
c’est ce que le soleil a mis de lumière
dans l’ombre qui conduit leur destin
au retour, on déposera une branche
dans la dépression à l’ouest
pour que l’enfant qui cueille au loin
des framboises dans son chapeau
justement ne s’y trompe pas
notre chien court avec tant de joie
quand on lui lance une balle, mais
serait dans le même état toute personne
qui répèterait une quête sincère
*
nous faisons silence
dans cet espace en suspens de la ville
une quiétude dénoue sa trajectoire
comme ta main qui trouve la mienne
et chaque fois m’émeut de sa visite

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